UX Days by Flupa - Jour 2 : retour sur la conférence de Jean-Marc Jancovici

Nouvelle journée qui commence, non pas d’ateliers mais de conférences cette fois. Bonne nouvelle, la conférence d’ouverture est animée par Jean-Marc Jancovici sur le thème du… changement climatique ! 

Si vous vous demandez qui est Jean-Marc Jancovici, voici ce que dit Wikipédia : "Jean-Marc Jancovici est un ingénieur, enseignant et conférencier français." Pour aller plus loin, on pourrait aussi dire : Polytechnicien au franc-parler et brillant vulgarisateur des questions d'énergie et de changement climatique.

En plus d’être drôle et excellent orateur, il a l’art de démystifier les sujets et d’expliquer très simplement le cœur du problème. La salle se tord de rire à chaque blague mais le sujet reste toujours aussi sérieux. Rien ne s’est arrangé pendant la nuit et les nouvelles sont toujours aussi mauvaises : notre empreinte carbone est trop forte.

Je ne m'attarderai pas sur le fond de la conférence, mais je vous mets quelques phrases chocs qui me font encore réfléchir aujourd’hui :
 

• «Il faudrait 2 épidémies de COVID par an (et ses confinements) pour pouvoir freiner et rester au même seuil de Co2 qu’aujourd’hui »
   
• «Nous vivons dans une baignoire de pétrole, absolument tout ce qui nous entoure et que l’on utilise a été produit avec du pétrole»
   
• «Un des drames qu’on a aujourd’hui, c’est que l’essentiel des raisonnements qui sont tenus sont d’ordre économique, sauf que la Nature ne relève pas de l’économie»
   
• «Moins de biens matériels ce n’est pas moins bien vivre»

Et le numérique dans tout ça ?

Je sens l’enthousiasme de l’assemblée diminuer. Moi aussi je suis passée par cette étape la veille. Pas facile cette prise de conscience. Surtout que la plupart s’attendait sûrement à une conversation centrée sur la sobriété numérique et/ou l’éco-conception. Ces sujets ont bien été évoqués mais avec un rappel : il ne faut pas se tromper d’échelle, le numérique a sa part à jouer dans l’équation mais ça ne fait pas tout, la sobriété devra toucher tous les secteurs et tous les modes de vie.

À savoir, le numérique est responsable de près de 4% des émissions mondiales de CO2 - étude menée par  The Shift Project, l’association que Jean-Marc Jancovici a créée. 

Arrêtons de faire l’autruche !

Mais alors quelles solutions s’offrent à nous ? Quelles sont nos options ? 

Il n’y a pas vraiment de réponses claires à ces questions. Notre hôte nous explique que pour l’instant il faut assimiler les informations, les comprendre, et ensuite agir sur ce que l’on peut. Il est toujours plus facile d’agir sur des choses que l’on a comprises et sur lesquelles on a des convictions. 

La conférence s’achève sur cette note, l’assemblée se lève dans un brouhaha mais je peux entendre des réflexions glissées par-ci et par-là : «ah oui quand même, j’avais pas vu les choses comme ça.»

L’expérience de Harisson : 

Alors moi… Comment vais-je pouvoir concilier un design plus éthique avec le design de l’expérience qui comporte les notions d’émotion et d’attractivité ?  

Pour l’instant, la question est ailleurs… Du côté des marques par exemple, ou du système. J’ai toujours une aptitude à me méfier des mouvements tendanciels, moralisateurs, qui nous alarment sur nos modes de vie et déplorent un système dont ils chérissent les causes. 

Pourtant, au fil de la conférence, les mots de Jean-Marc résonnent en moi. En fait, j’ai cette impression presque lumineuse qu’il pose enfin des mots sur la schizophrénie volontaire de notre société.

À chaque palier franchi, on s’éloigne de la base. La base, c’est la création de richesse écocentrée, qui devrait être le fondement numéro 1 de l’économie.

La question du Designer

Alors oui ! En tant que Designers, prenons conscience et concevons de manière plus éthique. Faisons des sites sans vidéos, pixelisons nos images, supprimons les 40% de fonctionnalités non utilisées. Mais ne serait-ce pas un pansement éphémère sur une plaie non désinfectée ?

Je me questionne. L’auditoire aussi… En témoignent les remarques et questions d’après conférence : 

• «Le message peut raisonner de manière négative et culpabilisante chez les jeunes.»
• «Devons-nous arrêter de construire des avions ?»
• «Doit-on tout plaquer pour élever des chèvres ?»

Cette passion peut aller plus loin. Cette passion doit aller plus loin… C’est pour cela que designer de manière éthique n’est plus un choix, mais notre responsabilité, voire notre exigence. Il est utile d’apporter de l’austérité dans la conception. En tant que Designers, accompagnons les grandes entreprises dans cette transformation écologique, à notre niveau.

Julie et Harisson, team NEXTON