Les handicaps invisibles et le numérique inclusif

Le 15/11/2024

Les handicaps invisibles et le numérique inclusif

Les handicaps invisibles désignent des conditions de santé qui, bien qu’imperceptibles, bouleversent profondément le quotidien de ceux qui en sont atteints. Ils incluent des troubles tels que l’autisme, le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), les troubles anxieux, ou encore des maladies chroniques comme l’endométriose.

À la différence des handicaps visibles, ces handicaps n’ont aucun signe apparent. Cela les rend difficiles à reconnaître et souvent sous-estimés par l’entourage, les collègues, ou même les concepteurs de services numériques. Cette invisibilité entraîne un manque de compréhension et d’attention dans de nombreux domaines, notamment dans la conception des outils numériques. Pourtant, ils concernent une proportion significative de la population (Invisible Disabilities Association, 2023).

Dans le numérique, cette méconnaissance pose de véritables défis : les interfaces et applications actuelles ne répondent pas toujours aux besoins spécifiques de ces utilisateurs. Cependant, intégrer ces utilisateurs dans le processus de conception représente une opportunité précieuse : non seulement pour répondre à leurs attentes, mais aussi pour innover et améliorer l’expérience pour tous.

Autisme : sensibilité sensorielle et besoin de structure

Chaque personne autiste est unique, mais beaucoup présentent une sensibilité particulière aux stimuli tels que les sons, les couleurs ou les animations, et se sentent plus à l’aise dans des environnements structurés et prévisibles.

Dans le numérique, les notifications constantes, les animations dynamiques ou la multiplicité des fenêtres peuvent rapidement provoquer une surcharge sensorielle. De plus, une masse d’informations mal organisée ou un manque de structure claire peuvent générer du stress, rendant l’expérience en ligne difficile et épuisante.

Solutions possibles

  • Mode simplifié : proposer une interface épurée qui réduit les éléments visuels, les animations et les notifications pour offrir une expérience plus apaisante.
  • Personnalisation : permettre aux utilisateurs de choisir quelles informations afficher ou masquer, afin de mieux gérer les sources de stress et s’adapter à leurs besoins spécifiques.

Ces améliorations peuvent profiter à tous ceux qui cherchent un environnement numérique plus calme et centré, offrant une expérience plus apaisante pour chacun.

TDAH : concentration et distractions

Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) complique la concentration et exacerbe les distractions, en particulier face à des interfaces surchargées. Effectuer un parcours étape par étape, comme une réservation ou un achat en ligne, peut rapidement devenir un défi.

Défis dans les services numériques

Pour les personnes atteintes de TDAH, un parcours d’achat peut s’avérer décourageant : une multitude de choix, des étapes variées et un manque de clarté augmentent le risque de confusion ou d’abandon en cours de route.

Solutions possibles

  • Rappels visuels et étapes claires : utiliser des indicateurs visuels pour guider l’utilisateur à travers chaque étape et maintenir leur attention.
  • Navigation guidée : proposer un processus pas à pas, limitant les distractions et facilitant le suivi.

Ces ajustements simplifient la navigation pour tous, en créant une interface claire et plus apaisante.

Endométriose : gérer la fatigue et les absences

L’endométriose, qui touche environ 10 % des femmes dans le monde, est une maladie chronique invisible. Ses symptômes, tels que des douleurs intenses, une fatigue persistante et des périodes d’incapacité imprévisibles, ont un impact direct sur l’usage des outils numériques.

Défis liés au numérique

Les périodes d’incapacité imprévisibles posent des obstacles dans un environnement numérique souvent rigide :

  • Interfaces peu flexibles : elles ne tiennent pas compte des besoins variables des utilisateurs, notamment lors de phases de fatigue ou de douleurs.
  • Manque d’ergonomie : l’utilisation de souris, claviers ou écrans tactiles devient complexe dans des conditions physiques altérées.

 

Solutions possibles

Pour mieux répondre à ces besoins, des ajustements numériques inclusifs peuvent être mis en place :

  • Indicateur de disponibilité flexible : intégrer une option permettant aux utilisateurs de signaler leur niveau d’énergie ou leur disponibilité, afin d’ajuster les interactions et les attentes.
  • Interfaces adaptatives et ergonomiques : offrir des commandes vocales, la sauvegarde automatique des tâches, et des interfaces adaptées aux besoins des utilisateurs dans différentes positions ou conditions physiques.

 

Bénéfices pour tous

Ces solutions, pensées pour les personnes atteintes d’endométriose, rendent les outils numériques plus accessibles et inclusifs. Elles profitent aussi aux personnes ayant des limitations temporaires, comme une blessure ou une situation de stress, et améliorent l’expérience utilisateur globale en rendant les plateformes plus flexibles et ergonomiques.

Conclusion : vers un numérique accessible à tous

Imaginer un numérique qui s’adapte aux handicaps invisibles, c’est œuvrer pour un avenir plus équitable, où chacun peut naviguer en ligne avec confort et compréhension. Les entreprises en retirent bien plus qu’une simple conformité : elles répondent aux attentes d’un public diversifié et innovent en concevant des outils plus intuitifs et universels.

Pour les designers et développeurs, intégrer l’inclusivité dès la conception représente un engagement fondamental pour un numérique plus humain. Que l’on soit utilisateur ou créateur, nous avons tous un rôle à jouer pour bâtir un espace numérique où chacun trouve sa place.

Luz DELGADO, UX Strategist

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