Retour sur expérience : Paris Web 2024

Paris Web : un événement clé pour un web plus accessible, inclusif et éco-responsable

Paris Web est un rendez-vous incontournable pour les professionnels du web qui souhaitent rendre le numérique plus accessible, inclusif et respectueux de l’environnement. Cette édition a mis en avant des sujets essentiels tels que la typographie accessible, les tests de régression, ainsi que la conception éthique et écologique. Voici les moments marquants et les idées clés que j’en retiens.

La technologie des polices variables

Damian Collot a souligné l’importance des polices variables pour l’accessibilité. Ces polices permettent un ajustement de l’espacement des lettres et des variations en fonction de la taille de l’écran, offrant ainsi un confort visuel optimal pour les utilisateurs. Des outils comme Glyphs permettent aujourd’hui de créer ces ajustements typographiques pour s’adapter à différents contextes d’utilisation.

Au-delà de l’aspect esthétique, la typographie joue un rôle crucial dans la compréhension et l’accessibilité des contenus web, notamment pour les personnes dyslexiques.

"Ne soyez pas un requin" : une approche humaine de l’accessibilité

"L’accessibilité est belle, ne la traitez pas avec peur." — Lainey Feingold

Lainey Feingold, avocate spécialisée en accessibilité numérique, a marqué les esprits avec son slogan : « Be a dolphin, not a shark ». Elle prône une approche basée sur l’empathie et la collaboration plutôt que sur l’agressivité ou la peur. Selon elle, l’accessibilité numérique doit être perçue comme une opportunité, et non une contrainte.

Parmi ses recommandations :

• Embaucher des personnes en situation de handicap au sein des équipes ou comme consultants.
• Impliquer ces personnes dans la recherche utilisateur et la conception.
• Collaborer avec des associations spécialisées dans le handicap pour co-construire des solutions accessibles.

Elle a également souligné l’importance d’intégrer l’accessibilité dès le début du projet, plutôt que de l’ajouter en correction par la suite.

L’impact écologique du numérique

"Le numérique doit être saisonnalisé, comme nos ressources naturelles." — Thomas Thibault

Thomas Thibault a dressé un tableau préoccupant de l’empreinte écologique du numérique. Avec l’augmentation de la consommation énergétique des centres de données et la pollution générée par les appareils électroniques, il devient urgent de repenser notre usage des technologies.

Quelques solutions proposées :

• Utiliser des serveurs alimentés par des énergies renouvelables, comme l’énergie solaire.
• Adapter les contenus à la bande passante disponible et offrir des services hors ligne pour réduire l’empreinte énergétique.
• Concevoir des interfaces plus légères en optimisant les images et les flux de données.

Thomas Thibault a aussi souligné l’importance de sensibiliser les utilisateurs à ces enjeux et de rendre visible l’impact écologique de leurs choix numériques.

Un autre point marquant a été le lien entre accessibilité et éco-conception. Contrairement aux idées reçues, ces deux aspects ne s’opposent pas, mais peuvent être complémentaires. Par exemple, des appareils comme le Fairphone, bien que conçus de manière écologique, ne répondent pas toujours aux besoins d’accessibilité, ce qui montre la nécessité d’une approche globale prenant en compte ces deux dimensions.

"Il est possible de faire les choses bien, tant pour l’environnement que pour les personnes." — Thomas Thibault

Concevoir pour les zones blanches : l’enjeu de l’égalité numérique

"L'accès au numérique ne doit pas être un privilège, mais un droit." — Olivier Guillard

Olivier Guillard a évoqué l’un des grands défis du numérique : l’accès inégal à la connexion. Dans de nombreuses régions, notamment en Afrique et en Inde, des millions de personnes n’ont pas accès à Internet de façon stable. Il a partagé des solutions pour concevoir des interfaces fonctionnant hors ligne et accessibles à faible coût.

Des initiatives comme Wefarm et Starlink tentent de combler ces lacunes, mais il est essentiel de concevoir pour des utilisateurs avec des infrastructures limitées en hiérarchisant l’information et en proposant du contenu accessible hors connexion.

Conclusion

Ma participation à Paris Web 2024 m’a permis de plonger dans des thématiques essentielles pour l'avenir du web : accessibilité, durabilité et inclusion. En tant que designers et créateurs, nous avons la responsabilité de concevoir des produits qui non seulement respectent l’environnement, mais sont aussi inclusifs et accessibles à tous. Cela implique une collaboration étroite avec les personnes concernées, des tests rigoureux et une réelle prise de conscience de l’impact écologique de nos décisions.

Que ce soit à travers la typographie ou la conception pour des infrastructures limitées, Paris Web nous rappelle que chaque choix de design compte. Il est temps d’adopter une approche holistique, prenant en compte à la fois les besoins des utilisateurs et ceux de notre planète.

Luz Delgado, UX Strategist